Burn-out : les signes qui alertent et les mécanismes invisibles à l’origine de l’épuisement


Vous vous sentez vidé·e, comme si une partie de vous avait 'débranché' ? Vous avez l’impression de courir en permanence, sans jamais arriver à souffler ? Peut-être que ce que vous vivez porte un nom : le burn-out. Rassurez-vous, vous n’êtes ni 'faible', ni 'incapable'. Le burn-out n’est pas un échec, mais le signe que quelque chose, en vous ou autour de vous, réclame votre attention. Et c’est déjà un premier pas que de vouloir comprendre. Découvrez cet article dans lequel votre psychologue et psychothérapeute à Cavaillon vous livre son expertise.

Le saviez-vous ?

  • En France, 1 salarié sur 3 a déjà vécu un burn-out. Vous n’êtes pas un·e cas isolé·e ;
  • 35 % des perfectionnistes (ceux qui se mettent la barre très haut) développent un burn-out.

Et surtout : ce n’est pas de votre faute. Le burn-out, ou syndrome d’épuisement professionnel, n’est ni une 'simple fatigue' ni un 'manque de volonté'.

En 2025, il est reconnu comme une grande cause nationale en France, touchant près de 40 % des salariés. Pourtant, ses mécanismes restent méconnus. Derrière l’épuisement se cachent souvent des schémas précoces (Young, 1999) – comme l’abnégation ou l’assujettissement – qui poussent à ignorer ses limites jusqu’à l’effondrement.

Comment le reconnaître ? Quels sont ses visages, parfois invisibles même pour ceux qui en souffrent ?

Ces mécanismes profonds – comme des croyances ancrées depuis l’enfance – nous poussent à en faire toujours plus, à nous oublier, ou à nous adapter coûte que coûte. Ensemble, explorons ce que le burn-out dit de nous… et comment en sortir.

Sommaire

  1. Le burn-out : quand le corps et l’esprit disent "stop"
  2. Comment se manifeste le burn-out ? Écouter les signaux
  3. Pourquoi moi ? Le rôle de nos "stratégies de protection"
  4. Burn-out, dépression, stress : comment faire la différence ?
  5. Vous n’êtes pas seul·e : des chiffres qui parlent
  6. Conclusion : Et si le burn-out était une chance ?
  7. Ressources

Le burn-out : quand le corps et l’esprit disent "stop"

Qu'est ce que le burn out ?

Le burn-out, c’est un peu comme une alerte rouge que notre corps et notre psyché envoient quand tout devient trop lourd. L’Organisation Mondiale de la Santé le décrit comme un état d’épuisement lié au travail, avec trois signes principaux :

  • Un sentiment de vide : Comme si vos batteries étaient à plat, et que même le café du matin ne suffisait plus.
  • Un détachement : Vous vous surprenez à penser "À quoi bon ?" ou à vous sentir indifférent·e face à des choses qui comptaient pour vous.
  • Un doute sur vos capacités : "Je n’y arrive plus", "Je ne sers à rien"… alors que vous étiez
  • compétent·e hier encore.
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Le conseil de votre psychologue

Beaucoup de mes patients me disent : 'Je devrais tenir le coup'. Mais imaginez un élastique qu'on étire sans relâche… À un moment, il casse. Le burn-out, c'est ça : le signe que l'élastique a trop forcé. Et c'est OK de lâcher prise.

Ce qui est important de savoir :

  • Ce n’est pas "juste de la fatigue". C’est un épuisement profond, comme si votre réservoir émotionnel avait une fuite.
  • Ce n’est pas un manque de volonté. C’est le signe que votre système – corps et esprit – a trop donné, trop longtemps.
  • Vous avez le droit de ne plus tenir. Personne ne mérite de vivre ça.

Vous vous demandez si vous pourrez tenir le coup ?

Découvrez de quelle manière la thérapie des schémas et l’ICV peuvent vous aider à retrouver l'équilibre.

Comment se manifeste le burn-out ? Écouter les signaux

Le burn-out ne vient pas du jour au lendemain. Il s’installe progressivement, comme une marée montante. Voici quelques signes qui peuvent vous alerter – sans jugement, juste pour vous

  • Épuisement intense : réveils "comme après un marathon", incapacité à se lever pendant trois jours.
  • Douleurs physiques : épaules douloureuses au toucher.
  • Perte d’appétit / négligence des besoins : sauter des repas, "je n’avais plus faim".
  • Réaction émotionnelle amplifiée : pleurer "pour un rien", se sentir ridicule.
  • Effondrement face à une remarque : boule dans la gorge, sensation d’étouffement, effondrement complet.
  • Baisse de concentration : cerveau "dans le coton", relire les mêmes mails sans comprendre.
  • Désorganisation inhabituelle : reporter les tâches, même simples.
  • Retrait / inertie : week-ends passés immobile devant des séries, "mon corps refuse de bouger".
  • Perte de sens / d’identité : "je ne sais même plus qui je suis", "impression de « couler", sensation de vide.

Le conseil de votre psychologue

Ces réactions sont normales. Ce ne sont pas des "faiblesses", mais des signes de survie. Votre corps et votre esprit essaient de vous protéger. Écoutez-les.

Claire, 38 ans, cadre en communication, entre dans mon cabinet avec cette phrase : "Je ne sais même plus qui je suis." Son regard est vide, ses épaules voûtées comme sous un poids invisible. "Je suis venue parce que je n’en peux plus. Comme si j’avais tout donné, et qu’il ne restait plus rien. Pas même de la colère. Juste… du vide."

Il y a six mois, les signes étaient là : "Je me réveillais épuisée, comme après un marathon. Mes épaules me faisaient mal rien qu’à les toucher." Elle a bu plus de café, sauté des repas. "Je n’avais plus faim. Juste plus le temps." Puis est venu le déclic : une critique de son boss devant l’équipe. "J’ai senti une boule dans ma gorge, comme si j’allais étouffer. Je me suis effondrée. Littéralement. Trois jours sans pouvoir me lever."

Aujourd’hui, elle pleure pour un rien. "Un email mal formulé, un regard de travers… Je me sens ridicule. Je devrais ‘tenir le coup’, mais je n’y arrive plus." Son cerveau est dans le coton. "Je relis les mêmes mails sans comprendre. Avant, j’étais ultra-organisée. Maintenant, je reporte tout. Même les courses." Le week-end, elle s’effondre devant des séries. "Mon corps refuse de bouger."

"Je ne reconnais plus la personne que je suis devenue. Et ça, ça me fait plus peur que la fatigue. Je ne suis pas venue pour moi. Je suis venue parce que…" (sa voix se brise) "…je coule."

Pourquoi moi ? Le rôle de nos "stratégies de protection"

Pourquoi certaines personnes 'craquent' alors que d’autres semblent tenir ?" La réponse n’est pas dans votre "force" ou votre "faiblesse", mais souvent dans les stratégies de protection que vous avez développées très tôt pour vous adapter à votre environnement. Ces stratégies – comme des boucliers – vous ont aidé·e à survivre émotionnellement, mais aujourd’hui, elles peuvent vous épuiser sans que vous compreniez pourquoi.

Deux de ces stratégies (théorie de Jeffrey Young) reviennent souvent chez les personnes en burn-out :

Votre propre exigence mérite de la douceur.

Découvrez de quelle manière un accompagnement psychologique peut vous aider.

La stratégie d’Abnégation : "Je me sacrifie pour être en sécurité affective"

Qu'est-ce que la stratégie d’Abnégation ?

Une croyance profonde que vous ne méritez l’amour ou l’attention seulement si vous vous oubliez pour les autres. Comme si

votre valeur dépendait de votre utilité. "Petit·e, vous avez peut- être appris que vos besoins passaient après ceux des autres – pour éviter les conflits, pour être aimé·e, ou simplement pour 'faire tenir' la famille."

Comment ça se manifeste aujourd’hui ?

  • Vous avez du mal à dire "non", même quand c’est raisonnable.
  • Vous vous sentez coupable de prendre du temps pour vous.
  • Vous vous oubliez pour les autres (travail, famille, amis).

L'exemple de Marie, infirmière

Marie, infirmière, se lève à 5h pour préparer le petit-déjeuner de ses enfants, enchaîne avec une journée de 12h à l'hôpital, et culpabilise de 'ne pas en faire assez'.
Sa stratégie d'abnégation lui murmure : 'Si je m'arrête, je ne serai plus aimée'. Mais en réalité, cette stratégie qui la protégeait autrefois, l'épuise aujourd'hui.

Ce que cette stratégie cache : Une peur ancienne de ne pas être digne d’amour si vous ne donnez pas tout. Pourtant, vous méritez l’affection et le respect sans condition.

La stratégie d’Assujettissement : "Je m’adapte pour éviter le danger"

Qu'est ce que la stratégie d’Assujettissement ?

Une conviction que vous devez vous soumettre aux attentes des autres (patron, famille, société) pour éviter les conflits, l’abandon ou les représailles. "Enfant, vous avez peut-être appris que votre sécurité dépendait de votre capacité à 'faire plaisir' ou à ne pas décevoir."

Comment ça se manifeste aujourd’hui ?

  • Vous acceptez des conditions de travail injustes par peur de perdre votre emploi.
  • Vous n’osez pas exprimer vos désaccords, même quand quelque chose ne va pas.
  • Vous vous sentez "piégé·e", comme si vous n’aviez pas le choix.

L'exemple de Thomas, développeur web

Thomas, développeur, accepte des deadlines impossibles et des horaires abusifs. Sa stratégie d'assujettissement lui dit : 'Si je refuse, je vais être rejeté ou puni. Pourtant, cette stratégie lui a permis de se sentir en sécurité autrefois - aujourd'hui, elle le maintient dans l'épuisement.

Ce que cette stratégie cache : Une peur ancienne de ne pas être en sécurité si vous affirmez vos limites. Pourtant,

vous avez le droit de dire "non" sans être abandonné·e ou rejeté·e.

Abnégation vs Assujettissement : deux stratégies de protection

L'exemple de Julien, infirmier

Julien, infirmier de nuit depuis quinze ans, s’est récemment effondré après un malaise en plein service, "son corps a dit : assez". Depuis des années, il travaille sans limite : oublie de se reposer, assure des tours supplémentaires, continue même malade ou épuisé. Il a commencé à faire des erreurs inhabituelles, qu’il a cachées par honte. Malgré un arrêt de trois semaines, il s’inquiète surtout de "laisser tomber" ses collègues et ses patients. Aujourd’hui, il se sent perdu : il ne sait plus comment continuer, mais ne sait plus non plus qui il serait sans ce travail et cette responsabilité.

Ce qui frappe dans le récit de Julien…

Ce qui m’a frappée dans son récit, c’est cette phrase : "Je ne suis pas venu pour moi." Comme si prendre soin de lui était un luxe, ou pire, une trahison envers ceux qui ‘comptent vraiment’ – ses patients, ses collègues, sa famille. Pourtant, Julien n’était pas en train de ‘lâcher’ les autres. Il était en train de s’effondrer. Et ça, ce n’est bon pour personne – ni pour lui, ni pour ceux qu’il aide.

Comment faire quand on en arrive là ?

D’abord, en acceptant que vous n’êtes pas un robot. Votre corps vous envoie des signaux – maux de tête, vertiges, pleurs inexpliqués – comme un tableau de bord qui clignote en rouge. Ces signaux ne sont pas ‘dans votre tête’. Ce sont des appels au secours. Ensuite, en intégrant que vous n’avez pas à choisir entre ‘tout porter’ et ‘tout lâcher’

Julien, infirmier de nuit depuis quinze ans, entre en traînant les pieds, les épaules voûtées sous une veste trop grande. "Je ne sais pas pourquoi je suis là. Enfin, si : mon corps a décidé pour moi." Hier, un malaise en pleine nuit. "Un vertige, a dit le médecin. Moi, je sais que c’était mon corps qui disait : ‘Assez.’

Quinze ans à veiller, à surveiller, à rassurer. "‘Tu n’as pas le droit d’être fatigué.’ Surtout pas moi." Puis cette nuit où il a oublié la tension de madame L. "Moi. Celui qui vérifie tout deux fois." La honte. Le mensonge à sa chef. "Une erreur de saisie, pas une omission. Parce qu’un infirmier, "ça n’oublie pas".

Le vrai problème ? Mes collègues. Ceux qui arrivent en retard, qui partent tôt, qui oublient les transmissions. Moi, je reste. Toujours." Même avec 40 de fièvre. Même quand sa femme pleure. "Je reste, parce que si je ne le fais pas, qui le fera ?"

La semaine dernière, il a couvert deux tours en plus du sien. "Pas de problème". Alors que je tenais à peine debout. Quatre nuits sans dormir. "Parce que sinon, qui va s’occuper des patients ?"

Hier, son corps a dit stop. "Tout a tourné. J’ai dû m’asseoir par terre. Monsieur D. m’a regardé avec pitié : ‘T’as l’air plus malade que moi.’" Trois semaines d’arrêt. "Trois semaines ! Comment ils vont faire sans moi."

"Je ne suis pas venu pour moi. Je suis venu parce que dans trois semaines, je dois retourner travailler. Et je ne sais pas comment faire. Parce que je ne peux pas les laisser tomber. Mais je ne peux plus continuer comme ça non plus." (Il lève les yeux, perdus.) "Je ne sais plus qui je suis sans ce travail. Sans cette responsabilité. Juste assez pour ne pas les abandonner."

L’assujettissement : "Si je ne fais pas tout, qui le fera ?"

Élodie est auxiliaire de vie. Son épuisement ne vient pas seulement de la charge de travail, mais de quelque chose de plus insidieux : le sentiment que tout repose sur ses épaules, alors que ses collègues ne partagent pas le même engagement. Son histoire résonne avec beaucoup de professionnel·le·s du care, où le dévouement se transforme en assujettissement

"Je suis le mur. Celui qui ne peut pas s’effondrer."

Élodie, 37 ans, auxiliaire de vie depuis douze ans, entre en serrant ses mains rougies par les produits ménagers. "Ce qui me pèse le plus ? Ce ne sont pas les bénéficiaires. Ce sont mes collègues." (Elle serre les genoux, les jointures marquées.)

"On nous a donné un nouveau secteur à trois. Moi, je note tout, j’anticipe. Pas par perfectionnisme – non, je me dis : ‘Si je ne le fais pas, qui le fera ?’ (Elle soupire.) Mes collègues, elles… arrivent en retard, partent tôt, oublient les médicaments. Un jour, j’ai trouvé de la moisissure chez madame D. Personne n’avait vérifié. J’ai tout nettoyé pendant ma pause. Sans rien dire. Parce que si je dis quelque chose, je passe pour la méchante."

"Maintenant, je fais tout. Je couvre leurs oublis, je finis leurs tours. La semaine dernière, 14 heures d’affilée parce que Nathalie était ‘trop fatiguée’. J’ai dit ‘pas de problème’. Alors que j’avais mal au ventre depuis le matin." (Sa voix tremble.) "Le pire ? Personne ne voit. Les bénéficiaires me remercient – c’est normal, c’est mon travail. Mes collègues me disent ‘T’es une perle !’ comme un compliment. Alors que je suis juste…" (elle serre les poings) "…épuisée."

"Hier, j’ai craqué. J’ai dit à Nathalie : ‘Tu ne peux pas prévenir plus tôt ?’ Elle m’a regardée comme si j’étais un monstre. J’ai passé la nuit à me dire que j’avais tort. Que je devais être plus compréhensive." (Elle imite le ton de sa collègue, amer :) "‘Élodie, t’es à cran ou quoi ?’"

"Mon mari s’inquiétait. Mais je ne pouvais pas m’arrêter. Et puis, il y a trois jours…" (elle mime le geste, impuissante) "…mes jambes ont refusé. J’ai rampé jusqu’à mon téléphone pour dire que j’avais une gastro.". Mon mari m’a emmenée chez le médecin. Il m’a arrêtée pour trois semaines. (Elle baisse les yeux.) Et je vous ai appelée parce que… (elle serre les poings) dans trois semaines, je dois retourner au travail. Même si je ne veux pas. Même si je ne peux plus. Parce que… (sa voix devient un murmure) j’aime ma relation avec les personnes que j’accompagne. Elles ont besoin de moi.

Ce qui frappe dans le récit d’Élodie…

Ce qui frappe dans l’histoire d’Élodie, c’est cette phrase : "Je ne suis pas venue pour moi." Comme si prendre soin d’elle-même était une trahison envers ses bénéficiaires, ses collègues, sa mission.

Pourtant, Élodie n’est pas en train de ‘lâcher’ les autres. Elle est en train de s’effondrer sous le poids de l’assujettissement – ce schéma qui lui dit : "Tu n’as pas le choix. Tu dois obéir, sinon tu n’as aucune valeur."

Son récit montre aussi à quel point l’assujettissement se nourrit des déséquilibres dans l’équipe :

L'exemple d'Élodie, auxiliaire de vie

Élodie, auxiliaire de vie depuis douze ans, s’épuise à compenser les retards, oublis et négligences de ses collègues. Elle note tout, anticipe, finit leurs tournées et couvre leurs erreurs, jusqu’à travailler 14 heures d’affilée malgré des douleurs. Elle se sent incomprise, coupable dès qu’elle ose dire quelque chose, et finit par craquer. Trois jours avant la consultation, ses jambes ont lâché et elle a dû être arrêtée trois semaines. Aujourd’hui, elle ne veut plus retourner au travail, mais s’y sent obligée parce qu’elle tient à ses bénéficiaires.

  • "Mes collègues arrivent en retard, partent tôt, oublient les transmissions…" → Elle compense.
  • "Je reste, parce que si je ne le fais pas, qui le fera ?" → Elle se sent indispensable.
  • "J’ai dit ‘pas de problème’ alors que je tenais à peine debout." → Elle nie ses propres limites.

Mais ce qui est le plus poignant, c’est cette idée : "Je ne sais plus qui je suis sans ce travail." Comme si son identité s’était réduite à son rôle de sauveuse

Un message rassurant : Ces stratégies ne sont pas des défauts. Ce sont des protections que vous avez construites, souvent très tôt, pour vous adapter à un environnement difficile. Elles ont été utiles à un moment donné. Mais aujourd’hui, elles vous coûtent plus qu’elles ne vous protègent.

La bonne nouvelle ? On peut les comprendre, les remercier pour le rôle qu’elles ont joué, et trouver des façons plus douces de se protéger. Sans jugement, avec bienveillance.

Le saviez-vous ?

Les secteurs les plus touchés ? Santé, éducation, technologie – des métiers où l’on donne beaucoup. Votre engagement est précieux, mais pas au prix de votre santé.

Un espoir : Le burn-out, c’est réversible. Avec du temps, de l’écoute (de soi et des autres), et des outils adaptés, on peut retrouver l’équilibre.

Burn-out, dépression, stress : comment faire la différence ?

"Est-ce que c’est 'juste' du stress ? Ou quelque chose de plus grave ?" Voici un petit guide pour y voir plus clair – sans remplacer un avis professionnel, bien sûr.

Les visages du burn-out

Sophie, 45 ans, enseignante en lycée, entre dans le cabinet avec un dossier sous le bras. Elle s'assoit en soupirant, l'air épuisé, et commence à parler d'une voix lasse.

"Trois fois où j'ai cru que c'était juste de la fatigue."

(Elle pose ses feuilles sur la table, les doigts tremblants.)

Il y a trois ans, j'ai fait un burn-out. 60 heures par semaine, mails à minuit, repas sautés... Jusqu'au jour où mes jambes ont flageolé en pleine classe. Littéralement. Le médecin a parlé de 'stress professionnel + schémas d'abnégation'. Moi, ce que je comprenais, c'est que je m'étais toujours dit que je ne méritais pas de repos. Que je devais tout donner pour être 'à la hauteur'.

(Elle sort une première feuille.)

Là, c'est ma liste de symptômes de l'époque. J'avais écrit : 'Je n'en peux plus AU TRAVAIL, mais en vacances, je me sentais mieux'. C'était ça, la clé : mon épuisement était lié à mon boulot. Pas à moi.

(Elle sort une deuxième feuille, la voix plus sourde.)

Puis il y a eu la dépression, il y a un an. Là, plus rien n'avait de sens. Pas même mes enfants. Je me réveillais en me disant : 'À quoi bon ?' Comme si j'étais un fantôme. Mon psy a parlé de causes variées, mais moi, je ressentais juste... le vide. Plus de larmes, plus d'énergie. Juste le néant. Comme si j'étais sous l'eau, à regarder le monde de loin sans pouvoir remonter.

(Elle pose une troisième feuille, le regard plus vif.)

Et aujourd'hui... C'est différent. Je suis tendue, à cran, mais c'est à cause des pressions extérieures : réformes, parents d'élèves, collègues en arrêt... Je me dis sans arrêt : 'Je suis tendue, mais je n'arrive pas à lâcher prise'. Comme une cocotte-minute. Je gère avec de la relaxation, mais c'est dur. Parce que je sens que je suis sur le fil. Entre le 'je tiens' et le 'je craque'.

(Elle aligne les trois feuilles sur la table.)

Trois états. Trois fois où j'ai cru que c'était 'juste de la fatigue'. Trois fois où j'ai eu besoin d'une aide différente. La première fois, j'ai changé mon rapport au travail. La deuxième, j'ai pris des antidépresseurs. Et aujourd'hui..." (un sourire fatigué mais déterminé) "Aujourd'hui, je suis là pour apprendre à gérer le stress AVANT qu'il ne me mange. Parce que je ne veux plus revivre ça. Aucune de ces versions de moi.

L'exemple de Sophie, enseignante

Sophie, enseignante de 45 ans, raconte trois épisodes qu’elle avait d’abord pris pour de la simple fatigue : un burn-out lié au travail, où elle s’effondrait physiquement après des semaines à 60 heures ; puis une dépression, marquée par une perte totale de sens et d’énergie ; et aujourd’hui un stress intense dû aux pressions extérieures, qui la fait vivre « comme une cocotte-minute ». En alignant ses trois feuilles, elle réalise qu’à chaque fois, elle a eu besoin d’une aide différente et qu’elle est désormais là pour apprendre à gérer le stress avant qu’il ne la dépasse à nouveau.

Ce qui frappe dans le récit de Sophie…

Ce qui est frappant dans l’histoire de Sophie, c’est à quel point les symptômes peuvent se ressembler (fatigue, épuisement), alors que les causes et les solutions sont radicalement différentes :

  1. Le burn-out était lié à son travail et à ses schémas ("Je dois tout donner"). Elle se sentait mieux dès qu’elle était loin du lycée.
  2. La dépression était un vide global, une perte de sens qui touchait tous les aspects de sa vie, y compris ses relations avec ses enfants.
  3. Le stress chronique est une réaction aux pressions extérieures actuelles. Elle le gère mieux maintenant qu’elle a appris à reconnaître les signes avant-coureurs.

Sophie montre aussi que l’épuisement n’est pas une fatalité : en comprenant les différences entre ces états, elle a pu adapter ses stratégies et demander l’aide dont elle avait vraiment besoin.

À retenir

  • Le burn-out est lié au travail, mais il peut aussi réveiller des blessures plus anciennes (ex. : un schéma d’abandon).
  • Vous n’avez pas à porter ce fardeau seul·e. Demander de l’aide, c’est courageux et pas honteux.

Conclusion : Et si le burn-out était une chance ?

"Et si cette épuisement était une façon, pour votre corps et votre esprit, de vous dire : 'Stop. Écoute- moi. Tu mérites mieux.' ?"

Le burn-out, c’est douloureux, mais c’est aussi une opportunité :

  • Comprendre ce qui vous a mené·e là (sans culpabilité).
  • Apprendre à poser des limites, à vous écouter, à vous respecter.
  • Trouver un équilibre où vous n’aurez plus à choisir entre "tout donner" et "vous effondrer".

Comment repérer ces signaux d’alerte ? Pourquoi les ignorons-nous si souvent, surtout lorsque nos schémas nous convainquent que 'tout va bien' ? C’est ce que nous verrons dans le prochain article / la prochaine partie : les signes avant-coureurs – ces petits (ou grands) signaux que votre corps vous envoie pour vous alerter. Parce que le burn-out ne tombe pas du ciel : il s’annonce. Et plus on le repère tôt, plus on peut agir en douceur."

Thérapie des schémas et ICV pour retrouver l'équilibre

Fabienne Canal, psychologue à Cavaillon

100 route d'Eygalières
13660 ORGON
France

07 49 27 64 77

Ressources :

Livres

  • Young, J. E., Klosko, J. S. (2005). Je réinvente ma vie : Comment surmonter les schémas de pensée qui nous gâchent l’existence. Éditions de l’Homme. Le livre de référence sur la thérapie des schémas, avec des exercices pratiques pour identifier et transformer vos stratégies de protection.
  • Maslach, C., Leiter, M. P. (2016). The Truth About Burnout. Jossey-Bass. Une analyse claire et accessible du burn-out, par les pionniers de la recherche sur le sujet.
  • Cyrulnik, B. (2021). La Nuit, j’écrirai des soleils. Odile Jacob. Pour comprendre comment les blessures d’attachement influencent nos stratégies de protection.

Articles scientifiques (accessibles) :

  • Burn-out : quand le travail nous consume" (Cairn.info, 2020) : Lien vers le chapitre 3
  • "Les schémas précoces et le burn-out" (Journal of Occupational Health Psychology, 2024) : Mentionné dans cet article .

Podcasts :

  • "Burn-out : et si c’était une chance ?" – Podcast Les Émotifs Anonymes (épisode 45). Un épisode bienveillant qui aborde le burn-out comme un signal d’alerte et non comme une faiblesse.
  • "Thérapie des schémas : guérir de ses blessures d’enfance" – Podcast Psyché (France Inter).

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