Burn-out : ce que votre système nerveux essaie de vous dire selon la théorie polyvagale
Pourquoi certaines personnes s’épuisent-elles alors que d’autres semblent mieux résister au stress ? La réponse ne se trouve pas seulement dans votre force mentale, mais aussi dans votre système nerveux.
La théorie polyvagale de Stephen Porges nous aide à comprendre comment notre corps réagit au stress, à la menace, et à l’épuisement. Le burn-out n’est pas qu’une question de charge de travail : c’est le résultat d’un système nerveux en surrégime, couplé à des stratégies de protection anciennes (schémas précoces, attachement).
Ensemble, explorons ces mécanismes pour mieux vous comprendre et vous accompagner vers la guérison."
Sommaire
- La théorie polyvagale : quand le système nerveux s’emballe
- Le rôle des schémas précoces : des stratégies de protection qui épuisent
- L’attachement et la théorie polyvagale : le lien entre sécurité et épuisement
- L’ICV : une approche thérapeutique pour rééquilibrer le système nerveux et guérir les blessures profondes
I. La théorie polyvagale : quand le système nerveux s’emballe
Les trois états du système nerveux
Selon Stephen Porges, notre système nerveux autonome (SNA) fonctionne selon trois états principaux, hiérarchisés en fonction de la sécurité perçue.
Mécanismes sous-jacents : comprendre les rouages invisibles du burn-out à travers la théorie polyvagal
Exemple clinique de Léa
Léa, enseignante, passe de l’état sympathique ('Je dois tout gérer !') à l’état dorsal ('Je n’ai plus la force de me lever') en 6 mois. Son système nerveux, en surrégime trop longtemps, a fini par 'débrancher'.
Pourquoi cette théorie est cruciale pour comprendre le burn-out ?
- Le burn-out est souvent un passage de l’état sympathique (surrégime) à l’état dorsal (effondrement).
- Votre système nerveux, en mode "survie" chronique, finit par s’épuiser et bascule dans la déconnexion (burn-out).
Lire aussi : Éviter l’effondrement : les signes avant-coureurs
Le burn-out : un effondrement du système nerveux en 3 étapes
Phase 1 (Sympathique) :
- Votre corps est en mode "lutte/fuite" : vous travaillez plus, dormez moins, ignorez vos limites.
- Signes : Irritabilité, troubles du sommeil, consommation accrue de café/alcool.
- Schéma activé : Exigence élevée, abnégation ("Je dois tenir").
Phase 2 (Dorsal) :
- Votre système nerveux, épuisé, bascule en mode "freeze" : vous vous sentez vidé·e, déconnecté·e, sans énergie.
- Signes : Sentiment de vide, dépression, incapacité à ressentir de la joie.
- Schéma activé : Sacrifice ("Je ne mérite pas de repos").
Exemple de Marc
Marc, cadre, passe de l’hyperactivité ('Je dois finir à temps ces dossiers, je dois tout gérer moi-même!') à un effondrement total ('Je ne peux même plus me lever'). Son système nerveux a basculé de l’état sympathique à l’état dorsal.
II. Le rôle des schémas précoces : des stratégies de protection qui épuisent
Les schémas précoces (Young, 1999) interagissent avec votre système nerveux pour maintenir le burn-out. Voici comment :
Comprendre les rouages invisibles du burn-out à travers la théorie polyvagale
Pourquoi ces schémas maintiennent-ils le burn-out ?
L'exemple de Sophie, infirmière
Sophie, infirmière, a un schéma d’abnégation qui la pousse à prendre soin des autres mais surtout à ignorer ses limites (état sympathique). Quand son corps bascule en état dorsal ('Je n’en peux plus'), elle culpabilise : 'Je suis faible'. En psychothérapie, on travaille à activer son système ventral (sécurité) en lui apprenant à poser des limites.
- Ils bloquent la sortie de l’état sympathique : "Je ne peux pas m’arrêter" (exigence élevée).
- Ils empêchent le retour à l’état ventral (sécurité) : "Je ne mérite pas de me reposer"
- (abnégation).
- Ils réactivent des mémoires de menace : "Si je ne fais pas assez, je serai abandonné·e" (assujettissement).
III. L’attachement et la théorie polyvagale : le lien entre sécurité et épuisement
Votre style d’attachement (Bowlby) influence la façon dont votre système nerveux réagit au stress :
Les mécanismes sous-jacents : comprendre les rouages invisibles du burn-out à travers la théorie polyvagale
| Style d’attachement | Impact sur le SNA | Manifestation dans le burn-out | Exemple clinique |
| Sécure | Capacité à revenir à l’état ventral (sécurité) après un stress. | Meilleure résilience, capacité à poser des limites. | "Je sais demander de l’aide quand j’en ai besoin." |
| Insécure-évitant | Reste en état sympathique (lutte) ou bascule rapidement en dorsal (freeze). | Difficulté à demander de l’aide, isolement. | "Je ne veux déranger personne, je vais gérer seul·e." |
| Insécure-ambivalent | Oscille entre sympathique (recherche de validation) et dorsal (effondrement). | Peur de l’abandon, surinvestissement suivi de crash. | "Si je ne fais pas assez, mon boss va me rejeter." |
| Désorganisé | Passe brutalement de l’état sympathique à dorsal, sans transition. | Réactions imprévisibles : surinvestissement puis retrait total. | "Je me donne à 200%, puis je craque et je disparais." |
Lien avec le burn-out
- L’attachement insécure ou désorganisé rend plus difficile le retour à l’état ventral
- (sécurité).
- Vous pouvez reproduire des dynamiques familiales au travail (ex. : un·e chef qui rappelle un parent critique).
L'exemple de Thomas
Thomas, avec un attachement insécure-ambivalent, surinvestit son travail pour obtenir l’approbation de son chef (état sympathique). Quand il ne la reçoit pas, il s’effondre (état dorsal). En psychothérapie, on travaille à stabiliser son système nerveux pour qu’il puisse revenir à un état ventral (sécurité)."
IV. L’ICV : une approche thérapeutique pour rééquilibrer le système nerveux et guérir les blessures profondes
L’Intégration du Cycle de la Vie (ICV) est une approche thérapeutique douce et progressive, conçue pour aider les personnes à désactiver les mémoires traumatiques, renforcer leur sentiment de sécurité intérieure, et réparer les blessures d’attachement. Elle s’appuie sur une compréhension approfondie du système nerveux et des mécanismes de protection développés dès l’enfance.
L’ICV est particulièrement efficace pour les personnes en burn-out, car elle permet de travailler sur les causes profondes de l’épuisement : les stratégies de protection (comme l’abnégation ou l’assujettissement), les blessures d’attachement, et les mémoires corporelles qui maintiennent le système nerveux en alerte.
Une approche en trois étapes
L’ICV suit un processus structuré pour garantir une progression sécurisée et respectueuse du rythme de chaque personne. Voici les grandes étapes de ce travail de psychothérapie :
Vous reconnaissez certains mécanismes en vous ?
Parlons-en et construisons ensemble un chemin de régulation.
- Stabilisation : L’objectif est de rééquilibrer le système nerveux pour sortir des états de stress chronique ou d’effondrement. Cette phase permet de retrouver un sentiment de sécurité et de préparer le terrain pour les étapes suivantes. Exemple : "Une personne en burn-out apprend à identifier les moments où son système nerveux est en surrégime, et utilise des outils pour revenir à un état de calme."
- Consolidation du soi central : Cette étape vise à renforcer la partie saine et résiliente de la personne, en intégrant les vécus précoces (mémoires préverbales) qui influencent encore ses réactions actuelles. Exemple : "En utilisant des objets transitionnels (comme un poupon), la personne peut intégrer qu’elle mérite d’être prise en charge et soutenue, ce qui renforce son sentiment de sécurité intérieure."
- Réparation de l’attachement : Cette phase permet de guérir les blessures liées aux figures d’attachement (parents, soignants) et de créer de nouveaux modèles relationnels sécurisants. Exemple : "Une personne revisite des scènes de son enfance où elle n’a pas reçu le soutien dont elle avait besoin, et intègre enfin cette sécurité en elle-même."
Elle agit sur les trois niveaux :
Pourquoi l’ICV est-elle efficace contre le burn-out ?
- Neurobiologique : Rééquilibre le système nerveux (en lien avec la théorie polyvagale).
- Psychologique : Désactive les mémoires traumatiques et renforce le sentiment de sécurité.
- Relationnel : Répare les blessures d’attachement pour des relations plus saines.
- Elle est adaptée aux traumatismes développementaux : Beaucoup de personnes en burn- out ont des blessures précoces (ex. : parents exigeants, négligence affective) qui maintiennent leur système nerveux en alerte. L’ICV permet de réparer ces blessures à la source.
- Elle est progressive et sécurisante : Chaque étape prépare la suivante, en s’assurant que la personne est prête à avancer sans se sentir submergée.
Le parcours de Claire en ICV
"Claire, 55 ans, consulte pour un burn-out sévère. Voici comment l’ICV l’a aidée à retrouver un équilibre :
- Stabilisation : Claire se rend compte qu’elle revient rapidement et sans effort à un état de calme sur des situations où auparavant elle se sentait envahie. Elle réalise que son corps était en alerte constante, comme si le danger était toujours présent alors qu’aujourd’hui ce n’est plus le cas. Claire commence à poser des limites à son entourage, elle se fait plaisir (ce qu’elle ne faisait pas avant son burn-out). Elle reprends alors le travail après 2 mois d’arrêt en mi-temps thérapeutique dans un premier temps.
- Consolidation du soi central : En utilisant un objet transitionnel (le poupon), Claire intègre qu’elle mérite d’être soutenue et prise en charge. Elle ressent une sécurité intérieure nouvelle, comme si une partie d’elle-même, longtemps ignorée, retrouvait enfin sa place. Claire se sent alors capable de reprendre son travail à temps complet après deux mois.
- Réparation de l’attachement : Claire revisite des scènes de son enfance où elle n’a pas reçu l’attention dont elle avait besoin. Grâce à ce travail, elle intègre enfin cette sécurité en elle-même et développe des relations plus apaisées avec son entourage.
Résultat : Claire sort du burn-out avec une meilleure régulation émotionnelle, un soi central renforcé, et des relations plus sécurisantes.
Pour conclure
"Comprendre ces mécanismes – qu’ils soient neurobiologiques, liés à l’attachement ou aux schémas précoces – est une étape clé pour sortir du burn-out. Mais comment passer de la théorie à la pratique ?
Dans la prochaine partie, nous explorerons des outils concrets pour retrouver un équilibre durable : 'Comment je peux vous aider ? Approches thérapeutiques et outils pratiques'."
