Burn-out : ce que votre système nerveux essaie de vous dire selon la théorie polyvagale


Pourquoi certaines personnes s’épuisent-elles alors que d’autres semblent mieux résister au stress ? La réponse ne se trouve pas seulement dans votre force mentale, mais aussi dans votre système nerveux.

La théorie polyvagale de Stephen Porges nous aide à comprendre comment notre corps réagit au stress, à la menace, et à l’épuisement. Le burn-out n’est pas qu’une question de charge de travail : c’est le résultat d’un système nerveux en surrégime, couplé à des stratégies de protection anciennes (schémas précoces, attachement).

Ensemble, explorons ces mécanismes pour mieux vous comprendre et vous accompagner vers la guérison."

Sommaire

  1. La théorie polyvagale : quand le système nerveux s’emballe
  2. Le rôle des schémas précoces : des stratégies de protection qui épuisent
  3. L’attachement et la théorie polyvagale : le lien entre sécurité et épuisement
  4. L’ICV : une approche thérapeutique pour rééquilibrer le système nerveux et guérir les blessures profondes

I. La théorie polyvagale : quand le système nerveux s’emballe

Les trois états du système nerveux

Selon Stephen Porges, notre système nerveux autonome (SNA) fonctionne selon trois états principaux, hiérarchisés en fonction de la sécurité perçue.

Mécanismes sous-jacents : comprendre les rouages invisibles du burn-out à travers la théorie polyvagal

Description : État de calme et de connexion sociale. Le nerf vague ventral est activé.

Manifestations dans le burn-out : Capacité à se sentir en sécurité, à poser des limites, à demander de l’aide.

Exemple clinique : "Je me sens en paix après une journée équilibrée."

Description : État de lutte ou de fuite. Le système sympathique domine (adrénaline, cortisol).

Manifestations dans le burn-out : Stress aigu, irritabilité, suractivation (ex. : travailler 60h/semaine sans pause).

Exemple clinique : "Je cours toute la journée, je n’arrive pas à m’arrêter."

Description : État de freeze (gel) ou de déconnexion. Le nerf vague dorsal est activé.

Manifestations dans le burn-out : Épuisement total, dépression, sentiment de vide ("Je ne sens plus rien").

Exemple clinique : "Je me lève le matin et je n’ai plus la force de rien faire."

État Description Manifestations dans le burn-out Exemple clinique
Ventral (sécurité) État de calme et de connexion sociale. Le nerf vague ventral est activé. Capacité à se sentir en sécurité, à poser des limites, à demander de l’aide. "Je me sens en paix après une journée équilibrée."
Sympathique (mobilisation) État de lutte ou de fuite. Le système sympathique domine (adrénaline, cortisol). Stress aigu, irritabilité, suractivation (ex. : travailler 60h/semaine sans pause). "Je cours toute la journée, je n’arrive pas à m’arrêter."
Dorsal (effondrement) État de freeze (gel) ou de déconnexion. Le nerf vague dorsal est activé. Épuisement total, dépression, sentiment de vide ("Je ne sens plus rien"). "Je me lève le matin et je n’ai plus la force de rien faire."

Exemple clinique de Léa

Léa, enseignante, passe de l’état sympathique ('Je dois tout gérer !') à l’état dorsal ('Je n’ai plus la force de me lever') en 6 mois. Son système nerveux, en surrégime trop longtemps, a fini par 'débrancher'.

Pourquoi cette théorie est cruciale pour comprendre le burn-out ?

  • Le burn-out est souvent un passage de l’état sympathique (surrégime) à l’état dorsal (effondrement).
  • Votre système nerveux, en mode "survie" chronique, finit par s’épuiser et bascule dans la déconnexion (burn-out).

Le burn-out : un effondrement du système nerveux en 3 étapes

Phase 1 (Sympathique) :

  • Votre corps est en mode "lutte/fuite" : vous travaillez plus, dormez moins, ignorez vos limites.
  • Signes : Irritabilité, troubles du sommeil, consommation accrue de café/alcool.
  • Schéma activé : Exigence élevée, abnégation ("Je dois tenir").

Phase 2 (Dorsal) :

  • Votre système nerveux, épuisé, bascule en mode "freeze" : vous vous sentez vidé·e, déconnecté·e, sans énergie.
  • Signes : Sentiment de vide, dépression, incapacité à ressentir de la joie.
  • Schéma activé : Sacrifice ("Je ne mérite pas de repos").

Exemple de Marc

Marc, cadre, passe de l’hyperactivité ('Je dois finir à temps ces dossiers, je dois tout gérer moi-même!') à un effondrement total ('Je ne peux même plus me lever'). Son système nerveux a basculé de l’état sympathique à l’état dorsal.

II. Le rôle des schémas précoces : des stratégies de protection qui épuisent

Les schémas précoces (Young, 1999) interagissent avec votre système nerveux pour maintenir le burn-out. Voici comment :

Comprendre les rouages invisibles du burn-out à travers la théorie polyvagale

État du SNA activé : Sympathique → Dorsal

Manifestations dans le burn-out : Ignorer ses limites jusqu’à l’effondrement.

Exemple clinique : "Je ne peux pas dire non, sinon je suis égoïste." (puis : "Je n’ai plus rien à donner.")

État du SNA activé: Sympathique (lutte)

Manifestations dans le burn-out : Accepter des conditions abusives par peur.

Exemple clinique : "Je dois obéir, sinon je serai rejeté·e."

État du SNA activé : Sympathique (surrégime)

Manifestations dans le burn-out : Perfectionnisme, impossibilité de déléguer.

Exemple clinique : "Je dois tout faire parfaitement, sinon je suis nul·le."

Description : Sympathique (hypervigilance)

Manifestations dans le burn-out : Contrôle excessif, difficulté à faire confiance.

Exemple clinique : "Si je ne fais pas tout moi- même, ce sera mal fait."

Description : Dorsal (déconnexion)

Manifestations dans le burn-out : Négligence de ses besoins émotionnels, sentiment de vide.

Exemple clinique : "Mes sentiments ne comptent pas, il faut que je tienne."

Schéma État du SNA activé Manifestation dans le burn-out Exemple clinique
Abnégation Sympathique → Dorsal Ignorer ses limites jusqu’à l’effondrement. "Je ne peux pas dire non, sinon je suis égoïste." (puis : "Je n’ai plus rien à donner.")
Assujettissement Sympathique (lutte) Accepter des conditions abusives par peur. "Je dois obéir, sinon je serai rejeté·e."
Exigence élevée Sympathique (surrégime) Perfectionnisme, impossibilité de déléguer. "Je dois tout faire parfaitement, sinon je suis nul·le."
Méfiance/Abus Sympathique (hypervigilance) Contrôle excessif, difficulté à faire confiance. "Si je ne fais pas tout moi- même, ce sera mal fait."
Sacrifice émotionnel Dorsal (déconnexion) Négligence de ses besoins émotionnels, sentiment de vide. "Mes sentiments ne comptent pas, il faut que je tienne."

Pourquoi ces schémas maintiennent-ils le burn-out ?

L'exemple de Sophie, infirmière

Sophie, infirmière, a un schéma d’abnégation qui la pousse à prendre soin des autres mais surtout à ignorer ses limites (état sympathique). Quand son corps bascule en état dorsal ('Je n’en peux plus'), elle culpabilise : 'Je suis faible'. En psychothérapie, on travaille à activer son système ventral (sécurité) en lui apprenant à poser des limites.

  • Ils bloquent la sortie de l’état sympathique : "Je ne peux pas m’arrêter" (exigence élevée).
  • Ils empêchent le retour à l’état ventral (sécurité) : "Je ne mérite pas de me reposer"
  • (abnégation).
  • Ils réactivent des mémoires de menace : "Si je ne fais pas assez, je serai abandonné·e"  (assujettissement).

III. L’attachement et la théorie polyvagale : le lien entre sécurité et épuisement

Votre style d’attachement (Bowlby) influence la façon dont votre système nerveux réagit au stress :

Les mécanismes sous-jacents : comprendre les rouages invisibles du burn-out à travers la théorie polyvagale

Impact sur le SNA : Capacité à revenir à l’état ventral (sécurité) après un stress.

Manifestations dans le burn-out : Meilleure résilience, capacité à poser des limites.

Exemple clinique : "Je sais demander de l’aide quand j’en ai besoin."

Impact sur le SNA : Reste en état sympathique (lutte) ou bascule rapidement en dorsal (freeze).

Manifestations dans le burn-out : Difficulté à demander de l’aide, isolement.

Exemple clinique : "Je ne veux déranger personne, je vais gérer seul·e."

Impact sur le SNA : Oscille entre sympathique (recherche de validation) et dorsal (effondrement).

Manifestations dans le burn-out : Peur de l’abandon, surinvestissement suivi de crash.

Exemple clinique : "Si je ne fais pas assez, mon boss va me rejeter."

Impact sur le SNA : Passe brutalement de l’état sympathique à dorsal, sans transition.

Manifestations dans le burn-out : Réactions imprévisibles : surinvestissement puis retrait total.

Exemple clinique : "Je me donne à 200%, puis je craque et je disparais."

Style d’attachement Impact sur le SNA Manifestation dans le burn-out Exemple clinique
Sécure Capacité à revenir à l’état ventral (sécurité) après un stress. Meilleure résilience, capacité à poser des limites. "Je sais demander de l’aide quand j’en ai besoin."
Insécure-évitant Reste en état sympathique (lutte) ou bascule rapidement en dorsal (freeze). Difficulté à demander de l’aide, isolement. "Je ne veux déranger personne, je vais gérer seul·e."
Insécure-ambivalent Oscille entre sympathique (recherche de validation) et dorsal (effondrement). Peur de l’abandon, surinvestissement suivi de crash. "Si je ne fais pas assez, mon boss va me rejeter."
Désorganisé Passe brutalement de l’état sympathique à dorsal, sans transition. Réactions imprévisibles : surinvestissement puis retrait total. "Je me donne à 200%, puis je craque et je disparais."

Lien avec le burn-out

  • L’attachement insécure ou désorganisé rend plus difficile le retour à l’état ventral
  • (sécurité).
  • Vous pouvez reproduire des dynamiques familiales au travail (ex. : un·e chef qui rappelle un parent critique).

L'exemple de Thomas

Thomas, avec un attachement insécure-ambivalent, surinvestit son travail pour obtenir l’approbation de son chef (état sympathique). Quand il ne la reçoit pas, il s’effondre (état dorsal). En psychothérapie, on travaille à stabiliser son système nerveux pour qu’il puisse revenir à un état ventral (sécurité)."

IV. L’ICV : une approche thérapeutique pour rééquilibrer le système nerveux et guérir les blessures profondes

L’Intégration du Cycle de la Vie (ICV) est une approche thérapeutique douce et progressive, conçue pour aider les personnes à désactiver les mémoires traumatiques, renforcer leur sentiment de sécurité intérieure, et réparer les blessures d’attachement. Elle s’appuie sur une compréhension approfondie du système nerveux et des mécanismes de protection développés dès l’enfance.

L’ICV est particulièrement efficace pour les personnes en burn-out, car elle permet de travailler sur les causes profondes de l’épuisement : les stratégies de protection (comme l’abnégation ou l’assujettissement), les blessures d’attachement, et les mémoires corporelles qui maintiennent le système nerveux en alerte.

Une approche en trois étapes

L’ICV suit un processus structuré pour garantir une progression sécurisée et respectueuse du rythme de chaque personne. Voici les grandes étapes de ce travail de psychothérapie :

Vous reconnaissez certains mécanismes en vous ?

Parlons-en et construisons ensemble un chemin de régulation.

  • Stabilisation : L’objectif est de rééquilibrer le système nerveux pour sortir des états de stress chronique ou d’effondrement. Cette phase permet de retrouver un sentiment de sécurité et de préparer le terrain pour les étapes suivantes. Exemple : "Une personne en burn-out apprend à identifier les moments où son système nerveux est en surrégime, et utilise des outils pour revenir à un état de calme."
  • Consolidation du soi central : Cette étape vise à renforcer la partie saine et résiliente de la personne, en intégrant les vécus précoces (mémoires préverbales) qui influencent encore ses réactions actuelles. Exemple : "En utilisant des objets transitionnels (comme un poupon), la personne peut intégrer qu’elle mérite d’être prise en charge et soutenue, ce qui renforce son sentiment de sécurité intérieure."
  • Réparation de l’attachement : Cette phase permet de guérir les blessures liées aux figures d’attachement (parents, soignants) et de créer de nouveaux modèles relationnels sécurisants. Exemple : "Une personne revisite des scènes de son enfance où elle n’a pas reçu le soutien dont elle avait besoin, et intègre enfin cette sécurité en elle-même."

Elle agit sur les trois niveaux :

Pourquoi l’ICV est-elle efficace contre le burn-out ?

  • Neurobiologique : Rééquilibre le système nerveux (en lien avec la théorie polyvagale).
  • Psychologique : Désactive les mémoires traumatiques et renforce le sentiment de sécurité.
  • Relationnel : Répare les blessures d’attachement pour des relations plus saines.
  • Elle est adaptée aux traumatismes développementaux : Beaucoup de personnes en burn- out ont des blessures précoces (ex. : parents exigeants, négligence affective) qui maintiennent leur système nerveux en alerte. L’ICV permet de réparer ces blessures à la source.
  • Elle est progressive et sécurisante : Chaque étape prépare la suivante, en s’assurant que la personne est prête à avancer sans se sentir submergée.

Le parcours de Claire en ICV

"Claire, 55 ans, consulte pour un burn-out sévère. Voici comment l’ICV l’a aidée à retrouver un équilibre :

  • Stabilisation : Claire se rend compte qu’elle revient rapidement et sans effort à un état de calme sur des situations où auparavant elle se sentait envahie. Elle réalise que son corps était en alerte constante, comme si le danger était toujours présent alors qu’aujourd’hui ce n’est plus le cas. Claire commence à poser des limites à son entourage, elle se fait plaisir (ce qu’elle ne faisait pas avant son burn-out). Elle reprends alors le travail après 2 mois d’arrêt en mi-temps thérapeutique dans un premier temps.
  • Consolidation du soi central : En utilisant un objet transitionnel (le poupon), Claire intègre qu’elle mérite d’être soutenue et prise en charge. Elle ressent une sécurité intérieure nouvelle, comme si une partie d’elle-même, longtemps ignorée, retrouvait enfin sa place. Claire se sent alors capable de reprendre son travail à temps complet après deux mois.
  • Réparation de l’attachement : Claire revisite des scènes de son enfance où elle n’a pas reçu l’attention dont elle avait besoin. Grâce à ce travail, elle intègre enfin cette sécurité en elle-même et développe des relations plus apaisées avec son entourage.

Résultat : Claire sort du burn-out avec une meilleure régulation émotionnelle, un soi central renforcé, et des relations plus sécurisantes.

Pour conclure

"Comprendre ces mécanismes – qu’ils soient neurobiologiques, liés à l’attachement ou aux schémas précoces – est une étape clé pour sortir du burn-out. Mais comment passer de la théorie à la pratique ?
Dans la prochaine partie, nous explorerons des outils concrets pour retrouver un équilibre durable : 'Comment je peux vous aider ? Approches thérapeutiques et outils pratiques'."


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